Le « ruisseling » : aimons la nature sans la piétiner

Le « ruisseling » : aimons la nature sans la piétiner

EauAgriculture

Article de SOS LRC

Un nouveau loisir de plein air est en plein essor un peu partout en France, et notamment en Franche-Comté : la randonnée aquatique, également nommée « le ruisseling ». C’est une activité qui ne se pratique pas seul, mais en groupe. Cette activité dite de nature qui surfe sur la vague verte actuelle et l’attrait pour les milieux aquatiques est pourtant destructrice pour les ruisseaux et rivières malgré une image positive d’écotourisme et bien souvent la bonne foi de ces pratiquants. En effet, il s’agit d’emmener plusieurs personnes, de nombreuses fois par an, piétiner des milieux fragiles, souvent les derniers refuges de la biodiversité.

Nous aimerions attirer l’attention des pratiquants et des encadrants de ces loisirs sur les graves atteintes portées aux milieux naturels par la randonnée aquatique.

Dans le Doubs et le Jura, cette pratique connait son maximum de fréquentation l’été, justement lors des basses eaux, lorsque que les milieux sont les plus vulnérables. Les ruisseaux et torrents comtois sont de petite taille et connaissent des débits faibles, ce sont des milieux fragiles qui ne sont pas faits pour être piétinés tout l’été.

Ces milieux sont les derniers refuges d’une faune menacée, voir en cours de disparition comme les écrevisses autochtones, certains insectes très sensibles à la pollution, comme la grande perle dont les larves et les nymphes vivent sous les cailloux. Ils abritent souvent de nombreux alevins de truites, car les dernières truites sauvages viennent frayer dans ces ruisseaux, qui sont de véritables « maternités ».

*Alevins d’ombres – mai 2021*

La randonnée aquatique consiste à marcher, courir, sauter en groupes donc forcément déplacer les pierres, des amas de branchages dans le lit des ruisseaux et des torrents. Les végétaux aquatiques peuvent être arrachés, la turbidité de l’eau augmentée, les larves et les nymphes des insectes aquatiques écrasés. Jour après jour, c’est donc un biotope fragile, un refuge de biodiversité que cette pratique va altérer, parfois irréversiblement.

Nous ne doutons pas que les pratiquants sont des gens qui aiment la nature et ne sont pas informés des dangers que cette mode représente, et de la gravité des agressions qu’ils font subir à ces milieux fragiles.

Alors, si vous aimez cette nature en danger, n’agressez pas ces refuges de biodiversité, ne piétinez pas le lit fécond des ruisseaux, ne prenez pas le risque d’écraser les truitelles et les écrevisses jusque dans leur « maternité » …

Promenez-vous sur ces berges, sans piétiner le lit, observez et vous découvrirez un monde d’une très grande richesse, en équilibre, lorsque l’homme ne vient pas y semer le désordre.

Aimer c’est aussi protéger.

Et pour le plaisir des yeux, cette vidéo des premières éclosions tournées sur le Doubs Franco-Suisse en 2020

https://www.youtube.com/watch?v=ZBJ9Q_vHXHQ